Le projet de loi S-5 reçoit la sanction royale : Modernisation de la pierre angulaire du droit canadien de l'environnement
Le 13 juin, le projet de loi S-5, Loi renforçant la protection de l'environnement pour un Canada plus sain, a reçu la sanction royale. Présenté pour la première fois en février 2022, ce projet de loi est remarquable car il apporte la première série d'amendements complets et modernisés à la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (LCPE) depuis sa promulgation en 1999.

Écrit par
Sonya Moore
Une vue d'ensemble
En mettant l'accent sur le droit à un environnement sain et en renforçant le régime de gestion des produits chimiques du Canada, le projet de loi poursuit les efforts du projet de loi C-28, qui a été initialement présenté au Parlement européen.rd Le projet de loi C-28 a été présenté au Parlement en avril 2021, mais il est mort au feuilleton lors de la dissolution du Parlement en août 2021. Malgré l'incapacité du projet de loi C-28, le projet de loi d'origine sénatoriale S-5, revigoré, a pu franchir avec succès les différentes étapes de lecture et d'examen en commission, et a reçu la sanction royale immédiatement après que la motion du gouvernement visant à accepter les amendements de la Chambre des communes a été adoptée par le Sénat avec un vote total de 59 voix pour et 19 voix contre.
Thèmes clés
Les objectifs de modernisation ont été guidés par les thèmes clés suivants :
- Le droit à un environnement sain ;
- Protéger les populations vulnérables ;
- Évaluer les expositions dans la vie réelle ;
- Un nouveau plan de priorités pour la gestion des produits chimiques ;
- Soutenir le passage à des produits chimiques plus sûrs ;
- Accroître la transparence dans la prise de décision ;
- Un régime plus strict pour les substances toxiques qui présentent le risque le plus élevé ;
- Évaluations des risques pour les nouveaux organismes vivants en vertu de la partie 6 de la loi ;
- Réduire la dépendance à l'égard de l'expérimentation animale ; et
- Modifications de la loi sur les aliments et les médicaments pour renforcer l'évaluation des risques environnementaux et la gestion des risques liés aux médicaments.
Aperçu des amendements notables
En tant que l'une des principales lois environnementales du Canada qui reconnaît désormais le droit à un environnement sain, le S-5 propose les amendements clés suivants à la LCPE :
Droits de l'environnement
En reconnaissant le droit à un environnement sain, la loi exige que le gouvernement du Canada protège ce droit et fasse respecter les principes qui s'y rattachent. Afin de renforcer les contrôles et les équilibres autour de ce droit, il est maintenant exigé que dans les deux ans suivant l'entrée en vigueur des amendements, les ministres élaborent et publient un cadre de mise en œuvre et un rapport annuel. Pour guider cet effort, les ministres mèneront des recherches, des actions de sensibilisation, des études et un suivi des activités, et donneront aux personnes intéressées la possibilité de participer à l'élaboration du cadre. La réconciliation avec les autochtones étant une considération essentielle, un rapport annuel sera rédigé sur le fonctionnement de la LCPE en ce qui concerne les peuples autochtones du Canada.
Renforcer la gestion des produits chimiques
L'une des sections les plus importantes de ces modifications est la publication de nouveaux termes et de nouvelles initiatives en matière de gestion des produits chimiques.
Afin de renforcer l'évaluation des risques liés aux substances chimiques, les ministres doivent désormais, dans un délai de deux ans, élaborer, consulter et publier un plan des priorités de gestion des substances chimiques assorti d'un calendrier. Ce plan doit être pluriannuel et intégré, et fournir une évaluation des substances déjà commercialisées au Canada. Afin de garantir l'exhaustivité et la pertinence du plan, les ministres consulteront les parties prenantes, les partenaires et le public intéressés et seront tenus de réexaminer le plan dans les huit ans suivant sa publication. En outre, afin d'évaluer et de gérer au mieux les substances, une approche fondée sur les risques et prenant en compte les populations vulnérables sera adoptée. Dans le cadre de cette approche, les ministres seront tenus de présenter un rapport annuel au Parlement, d'abroger diverses clauses des dispositions relatives à la catégorisation des dépenses et de la liste datée des substances prioritaires, et d'ajouter une nouvelle disposition qui permettra à toute personne de demander aux ministres d'évaluer une substance afin de déterminer si elle est toxique ou en passe de le devenir.
Comme dans le cadre de la responsabilité publique, les articles 77 et 91-92 s'appliqueront désormais à toutes les évaluations des risques des substances afin de déterminer si elles sont "toxiques" au sens de la LCPE. Si une substance est jugée toxique, les ministres auront quatre mesures d'intervention à proposer. Pour renforcer la responsabilité, si un projet de conclusion d'évaluation n'a pas été finalisé dans un délai de deux ans, les ministres doivent publier une déclaration dans le Registre environnemental et les échéances des instruments de gestion des risques supplémentaires prévus doivent être communiquées.
Pour cibler les substances préoccupantes, une liste de surveillance sera publiée et tenue à jour, et des interdictions seront fixées pour les substances considérées comme toxiques et présentant le risque le plus élevé. En outre, une nouvelle priorité sera accordée aux interdictions en vertu des modifications apportées à l'article 93, dans lequel les pouvoirs d'autorisation permettent désormais au ministre d'exiger des promoteurs qu'ils démontrent d'abord que l'activité interdite peut être entreprise en toute sécurité et qu'il n'y a pas d'autres solutions réalisables.
Nouvelles substances, produits animés issus de la biotechnologie et nouvelles activités significatives
En plus de la capacité des ministres à modifier les éléments d'un avis ou d'un arrêté relatif à une activité importante au-delà de la nouvelle activité elle-même, les amendements instillés exigent désormais que le ministre publie un avis de dérogation aux exigences en matière d'information. Ces amendements concernent la loi sur les denrées alimentaires et les médicaments (FDA), car grâce au renforcement de l'évaluation et de la gestion des risques, la procédure de notification en double entre la FDA et la LCPE sera supprimée et rationalisée.
Collecte d'informations
Afin de renforcer la sensibilisation du public et la transparence, les avis et les documents mis à la disposition du public par les ministres en vertu de la LCPE doivent être publiés dans le registre environnemental sous une forme accessible au public, consultable et électronique. Cette mesure s'accompagne d'une modification des pouvoirs des ministres en matière d'obligation d'information et d'une actualisation des demandes de confidentialité.
Pour une liste complète et détaillée des amendements, veuillez vous référer au projet de loi. ICI.
Aller de l'avant
Le gouvernement du Canada s'emploiera à mettre en œuvre les modifications apportées à la loi modernisée. Ce travail comprendra notamment des engagements avec les Canadiens sur l'élaboration d'un cadre de mise en œuvre du droit à un environnement sain en vertu de la LCPE et d'un plan des priorités de gestion des produits chimiques. Au fur et à mesure que la mise en œuvre progressera, les ministres seront sûrement invités à s'assurer qu'ils se conforment aux initiatives accrues en matière de rapports et de surveillance auxquelles ils seront tenus.
Il est important de noter que, bien que les modifications apportées à la loi soient importantes, il faut s'attendre à d'autres initiatives potentielles de modernisation de la LCPE à l'avenir.

À propos de
Sonya Moore
Sonya est une jeune professionnelle qui détient un baccalauréat ès arts, avec une majeure en sciences politiques et une mineure en droit et société de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC), et une maîtrise ès arts de l'Université de Toronto (U de T) - Munk School of Global Affairs & Public Policy. Pendant ses études, Sonya a eu l'occasion de mener divers projets de recherche pour son département, notamment une enquête sur les dépenses de défense de la Grèce pour le compte de la Munk School of Global Affairs & Public Policy - Centre for European, Russian, and Eurasian Studies.