Examen de la contribution environnementale de l'agriculture canadienne
Les intendants de la terre de la commission AGRI : Examen de la contribution environnementale de l'agriculture canadienne.

Écrit par
Dariya Akhova
Agriculture et environnement - Rôle du sol :
Le Comité recommande au gouvernement du Canada de créer un cadre pour encourager les agriculteurs canadiens qui utilisent des solutions fondées sur la nature pour lutter contre le changement climatique dans leurs exploitations, en reconnaissance du bon travail déjà accompli par les agriculteurs pour réduire les émissions agricoles, y compris les méthodes d'agriculture agroécologique sans labour, à faible labour, de culture de couverture et de culture intercalaire, par exemple, en envisageant de les rémunérer pour les services écosystémiques qu'ils fournissent.
Selon les témoins de la commission, le problème de la mise en œuvre de cette recommandation est que certaines pratiques fondées sur la nature ne sont pas accessibles. Tout d'abord, la nécessité d'utiliser des machines lourdes dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre dégrade la santé des sols et génère des émissions d'oxyde nitreux. Deuxièmement, les solutions fondées sur la nature ne sont pas facilement applicables partout au Canada, en fonction du sol.
À surveiller : Soutien des pouvoirs publics pour trouver un équilibre entre les solutions fondées sur la nature, la qualité des sols et l'applicabilité.
Le Comité recommande au gouvernement du Canada d'encourager les meilleures pratiques permettant aux exploitations agricoles de l'est du Canada de séquestrer davantage de carbone par hectare, notamment en réduisant le compactage des sols.
Les témoins représentant les secteurs de l'élevage et du fourrage se sont dits alarmés par la perte de croissance de ces terres. En outre, les représentants de la Canadian Cattlemen's Association ont déclaré que les changements dans l'utilisation des terres sont également dus au fait que les éleveurs de bétail ont moins accès aux outils de gestion des risques, tels que l'assurance des récoltes, que les producteurs de cultures.
À surveiller : Les initiatives gouvernementales qui encouragent la croissance holistique des terres, en tenant compte de la santé des sols et de la réduction des émissions de carbone.
Sujets d'intérêt : Santé des sols
Le Comité recommande que le gouvernement du Canada, en collaboration avec les provinces et les territoires :
- investir dans la recherche et la technologie afin d'aider les éleveurs de bétail à tirer parti des pratiques de conservation déjà utilisées ;
- élaborer un plan global de protection et de restauration des prairies indigènes, afin de mieux comprendre la conservation des terres et la réduction des émissions de l'industrie, tout en augmentant le piégeage du carbone ; et
- étudier les moyens de continuer à renforcer et à intégrer le rôle des animaux d'élevage dans la régénération des prairies.
Les témoins avaient recommandé un inventaire à l'échelle du Canada et mis l'accent sur la préservation des prairies et des zones humides, ainsi que sur une stratégie globale d'utilisation des terres par tous les niveaux de gouvernement afin d'équilibrer l'expansion urbaine, la production agricole et la protection de l'environnement.
À surveiller : Il a été recommandé d'intégrer ce dernier point dans le projet de loi C-203, Loi relative à la conservation et à la santé des sols. La recommandation 4 suit une logique similaire.
Sujets d'intérêt : Fédéral Provincial Territoire Engagements/Avancées.
Le Comité recommande que le gouvernement du Canada, en partenariat avec les parties prenantes ainsi qu'avec les gouvernements provinciaux, territoriaux et municipaux :
- recueillir des informations sur les prairies, les pâturages et les zones humides, afin d'équilibrer l'expansion urbaine, la production agricole et la protection de l'environnement, dans le respect de leurs compétences respectives ;
- étudier des méthodes permettant de récupérer les terres fédérales inutilisées afin de les convertir en terres agricoles productives, en harmonie avec les écosystèmes indigènes ; et
- promouvoir l'agriculture régénératrice dans les zones urbaines et suburbaines.
Sujets d'intérêt : Fédéral Engagements/avancées du territoire provincial.
Le Comité recommande au gouvernement du Canada d'élaborer un plan d'action pour une stratégie nationale sur les sols afin d'améliorer la surveillance des sols, le partage des données et de promouvoir les meilleures pratiques pour améliorer et protéger la santé des sols, en collaboration avec les chercheurs, les propriétaires fonciers, l'industrie, les gouvernements provinciaux et territoriaux, dans le respect de leurs compétences, ainsi que les Premières nations et les universitaires, d'une manière similaire à l'analyse et à l'évaluation de la stratégie introduite par le gouvernement de l'Australie en 2022.
À surveiller : Plan d'action de la stratégie nationale pour les sols.
Sujets d'intérêt : Communication des décisions scientifiques et agriculture, Santé des sols, Engagements/avancées du gouvernement fédéral et des territoires provinciaux.
Agriculture et environnement au Canada - Biodiversité :
À surveiller : Sans formuler de recommandations spécifiques, la commission a souligné l'importance des pâturages bovins pour le maintien de la biodiversité, des techniques d'agriculture régénératrice pour obtenir des avantages en termes de biodiversité et de la rotation diversifiée des cultures pour maintenir la biodiversité.
Agriculture et environnement au Canada - Engrais et agriculture de précision :
Le Comité recommande au gouvernement du Canada de reconnaître l'importance du Programme de gestion des éléments nutritifs 4R en tant qu'outil de gestion durable des engrais et d'encourager l'adoption d'autres méthodes "intelligentes" d'application des engrais.
La commission a mis en garde contre l'utilisation excessive d'engrais en raison de l'excès de nutriments qu'ils contiennent, en particulier l'azote. Lorsqu'ils sont appliqués de manière optimale, il est possible de minimiser l'impact des engrais sur l'environnement et de maximiser les rendements. C'est l'objectif du programme de gestion des éléments nutritifs 4R, qui "met l'accent sur l'application de la bonne source d'engrais, à la bonne dose, au bon moment et au bon endroit".
À surveiller : Agriculture de précision en combinaison avec le programme 4R pour la gestion des engrais afin de minimiser les émissions de gaz à effet de serre.
Agriculture et environnement au Canada - Recyclage des résidus agricoles et lutte contre le gaspillage alimentaire :
Aucune recommandation n'a été formulée. Toutefois, si l'utilisation des résidus de culture à des fins énergétiques peut présenter des inconvénients en réduisant le carbone du sol, certaines technologies, comme la conversion thermique, peuvent transformer les résidus en biocarbone, qui agit comme un engrais, retenant les nutriments et le carbone dans le sol.
Le recyclage des déchets alimentaires est essentiel pour réduire l'impact sur l'environnement, car les déchets alimentaires importants entraînent des émissions de méthane dans les décharges. Des initiatives telles que le défi de réduction des déchets alimentaires d'AAC sont des pas dans la bonne direction.
Le secteur de l'élevage joue un rôle crucial dans la commercialisation des déchets agricoles et alimentaires, en recyclant les produits impropres à la consommation humaine.
L'élevage d'insectes, en particulier de mouches soldat noires, offre une solution respectueuse de l'environnement. Ils accumulent des niveaux élevés de calcium et peuvent être utilisés comme aliments pour le bétail, la volaille et l'aquaculture, ce qui favorise la santé et la productivité des animaux. Les pouvoirs publics doivent soutenir la recherche et assouplir la réglementation dans ce secteur.
À surveiller : La conversion thermique, les initiatives de réduction des déchets alimentaires et l'élevage d'insectes.
Initiatives gouvernementales - Tarification de la pollution par le carbone :
Sans formuler de recommandations, la commission a mis l'accent sur le système de tarification de la pollution par le carbone mis en place par le gouvernement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Bien que les témoins apprécient ces initiatives, ils s'inquiètent du fait que les premiers à adopter des pratiques écologiques pourraient être désavantagés. Certains suggèrent d'utiliser une année de référence antérieure pour tenir compte de l'adoption précoce de pratiques bénéfiques. Les systèmes privés de compensation, comme Nori aux États-Unis, utilisent d'autres années de référence lorsque cela est nécessaire en raison de la disponibilité des données.
À surveiller : Récompenser les efforts antérieurs et encourager l'adoption continue des meilleures pratiques pour maintenir le piégeage du carbone et les réductions d'émissions.
Initiatives gouvernementales - Réglementation des nouvelles technologies :
Le Comité recommande au gouvernement du Canada d'aider le secteur de l'élevage à réduire les émissions de méthane et leur impact sur le changement climatique en créant une nouvelle voie réglementaire axée sur l'environnement et fondée sur la science pour les produits agricoles et vétérinaires présentant des avantages pour l'environnement, tels que les additifs alimentaires 3-NOP.
Les témoins ont souligné l'importance de la flexibilité réglementaire et d'une approche scientifique pour encourager l'adoption de technologies visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l'agriculture.
Les agences de réglementation ont été invitées à adopter une approche scientifique qui favorise l'innovation dans des domaines tels que la sélection végétale et l'octroi de licences pour les pesticides. Un investissement de $50 millions dans l'Agence de régulation de la lutte antiparasitaire (ARLA) a été noté, avec un appel à se concentrer sur la livraison en temps voulu des innovations aux agriculteurs et sur l'exécution des programmes.
La technologie de l'édition génétique, qui permet d'apporter des modifications ciblées à l'ADN des plantes, nécessite une modernisation de la réglementation. L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a organisé des consultations sur le traitement des produits génétiquement modifiés, et de nouvelles lignes directrices concernant les plantes génétiquement modifiées et les plantes à caractères nouveaux ont été publiées. La technologie est considérée comme importante, en particulier dans le contexte du changement climatique, pour développer des semences tolérantes à la sécheresse.
À surveiller : Nouvelle voie réglementaire axée sur l'environnement et fondée sur la science pour les produits agricoles et vétérinaires présentant des avantages pour l'environnement ; appel à l'innovation réglementaire fondée sur la science dans le domaine de la sélection végétale et de l'octroi de licences pour les pesticides ; modernisation réglementaire de la technologie d'édition de gènes.
Initiatives gouvernementales - Soutien à la recherche, à l'innovation, à l'accès aux données et à la collecte de données :
Le Comité recommande au gouvernement du Canada de renforcer son soutien à la recherche menée par les autochtones pour promouvoir la réconciliation et l'utilisation des systèmes de connaissances autochtones dans l'agriculture durable.
À surveiller : Collaboration entre les agriculteurs, les scientifiques et d'autres collaborateurs pour développer des pratiques et des technologies ; financement fédéral potentiel pour les programmes de recherche et d'innovation.
Initiatives gouvernementales - Autres :
Le Comité recommande que le gouvernement du Canada reconnaisse les mesures positives pour l'environnement :
- Travailler avec l'industrie et les chercheurs pour approuver une méthode d'évaluation de la contribution environnementale d'une innovation qui donne une juste valeur aux agriculteurs qui mettent en œuvre ces innovations ;
- Soutenir la croissance et les investissements dans les secteurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire des protéines d'origine végétale ;
- Donner aux agriculteurs l'accès au financement par une approche décentralisée, pas nécessairement dans le cadre d'un programme gouvernemental fixe, car les entrepreneurs sont mieux placés pour décider du moment opportun pour investir ; et
- Reconnaître et compenser les mesures favorables à l'environnement introduites dans le passé.
À surveiller : Un financement flexible et décentralisé qui cible les pratiques durables mises en œuvre par les nouveaux et les anciens adoptants.
Mortalité des abeilles - Mesures fédérales visant à renforcer les colonies canadiennes d'abeilles mellifères (contrôle des importations) :
Le Comité recommande que l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), dans le cadre de sa nouvelle évaluation des risques liés aux importations d'abeilles des États-Unis, évalue la possibilité d'autoriser les importations en provenance de plus petites entités (par exemple, des États, des municipalités et des entreprises individuelles) aux États-Unis, notamment celles situées dans des zones sûres dans les climats nordiques qui répondent aux exigences canadiennes, tout en répondant aux préoccupations des apiculteurs canadiens concernant les abeilles dotées de gènes dits "africanisés". Si l'ACIA décide de ne pas autoriser de nouvelles importations en provenance des États-Unis, elle devra expliquer les raisons de cette décision et préciser les mesures correctives que les apiculteurs américains devront prendre pour réduire le risque associé à leurs importations.
En outre, en 2022, l'ACIA a demandé aux parties prenantes de soumettre de nouvelles preuves scientifiques concernant la santé des abeilles mellifères aux États-Unis, et une nouvelle évaluation des risques devrait être achevée au début de 2024. Les témoins ont suggéré que le Canada et les États-Unis collaborent sur les questions de santé des abeilles, dans le but de développer une approche commune des ravageurs et parasites des abeilles par le biais d'une stratégie apicole nord-américaine.
À surveiller : Étude de l'ACIA sur la collaboration américano-canadienne en matière d'importation d'abeilles entre les États, les municipalités et les entreprises.
Mortalité des abeilles - Mesures fédérales visant à renforcer les colonies d'abeilles mellifères au Canada (Production apicole nationale) :
Dans le même temps, certains témoins ont également encouragé les efforts visant à améliorer l'autosuffisance du Canada en matière d'approvisionnement en abeilles et à réduire sa dépendance à l'égard des importations.
Mortalité des abeilles - Mesures fédérales visant à renforcer les colonies d'abeilles mellifères au Canada (suivi et surveillance des maladies) :
Le Comité recommande que le gouvernement du Canada, en partenariat avec le secteur de l'apiculture et les provinces et territoires :
- Investir davantage dans la recherche apicole dans le but de rendre le Canada autosuffisant en matière de production et de sélection de reines et d'abeilles ;
- Étudier l'existence et l'étendue d'éventuelles relations de cause à effet entre la dégradation des sols, le changement climatique et l'augmentation des concentrations de parasites d'espèces recherchées telles que les abeilles domestiques, y compris, mais sans s'y limiter, les acariens varroa, les coléoptères des ruches et les fausses teignes ;
- Utiliser des technologies de pointe pour protéger et faciliter la reproduction des pollinisateurs ; et
- Favoriser une meilleure mise en réseau des centres de recherche et de développement gouvernementaux, universitaires et industriels sur toutes les causes de la mortalité des insectes pollinisateurs.
À surveiller : Renforcement du rôle de la technologie, comme l'application Nectar, pour aider les apiculteurs à surveiller la santé des ruches et à identifier les causes de la mortalité hivernale. Appel à des équipes de "transfert de technologie" dirigées par le gouvernement pour former les petits apiculteurs aux outils et pratiques innovants.
Mortalité des abeilles - Mesures fédérales visant à renforcer les colonies d'abeilles mellifères au Canada (Conservation des habitats et biodiversité) :
Le Comité recommande au gouvernement du Canada de soutenir la recherche et le développement de nouveaux biopesticides.
Le Comité recommande au gouvernement du Canada de veiller à ce que l'Autorité de réglementation de la lutte antiparasitaire dispose des ressources nécessaires pour remplir son mandat et de mener une étude approfondie sur les pesticides, y compris les néonicotinoïdes, afin d'examiner leur impact et leur effet cumulatif sur les humains, les abeilles et les pollinisateurs indigènes, ainsi que leur impact économique sur l'industrie agricole.
Si les pesticides néoniques sont interdits au Québec, ils sont encore largement utilisés dans les semences traitées dans d'autres régions du Canada, à moins qu'ils ne soient recommandés par un agronome. L'impact des pesticides sur la santé des pollinisateurs indigènes et sauvages a également été abordé, soulignant le déclin de ces populations et la nécessité d'une surveillance et d'une protection accrues.
À surveiller : Recherche et développement de nouveaux biopesticides, étude sur les pesticides néoniques par l'Autorité de régulation de la lutte antiparasitaire.
Le Comité recommande au gouvernement du Canada de collaborer avec les provinces et les territoires pour élaborer une stratégie visant à utiliser et à diversifier les infrastructures naturelles, y compris les fourrages sauvages, afin de protéger les pollinisateurs indigènes sur les terres agricoles.
À surveiller : A Initiative en faveur de la biodiversitéL'Union européenne a mis en place un système d'incitations financières pour encourager les agriculteurs à préserver les habitats de plantes fourragères pour les pollinisateurs sauvages.

À propos de
Dariya Akhova
Dariya Akhova termine sa maîtrise à l'École Munk des affaires mondiales et des politiques publiques de l'Université de Toronto. Elle a obtenu son baccalauréat en sciences politiques à l'Université d'Ottawa, où elle a étudié en français et en anglais. Dariya a également participé à des échanges à Paris, en France, et à Berlin, en Allemagne.