Course à la chefferie du PLQ : Un(e) capitaine pour sauver le navire?
Le Parti libéral du Québec (PLQ) n’est plus que l’ombre de lui-même. Il y a 5 ans, c’était une redoutable machine électorale, amassant des millions de dollars en financement politique et prétendant à remporter des sièges dans toutes les régions.

Écrit par
Félix Lachance
Vue d'ensemble
Depuis la défaite du premier ministre Phillipe Couillard en 2018 face à la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault, le PLQ n’a pas retrouvé ses repères. Il ne cesse de chuter dans les sondages. Ses intentions de vote diminuent à chaque élection.
Le parti se réunira en conseil général les 14 et 15 octobre prochain. Ce sera l’occasion de dévoiler les modalités de la course à la chefferie du parti et les résultats du comité sur la relance du PLQ.
Une chute prévisible
Les problèmes de culture interne du PLQ ne datent pas d’hier. Mais leurs conséquences se font sentir depuis 2018. Le parti ne promeut point la vie militante en son sein. Sa culture partisane est centrée sur le financement et l’organisation. Le développement d’idées et de vision novatrice y est difficile.
Le membership du parti est en déclin. Les membres de 65 ans et plus des années référendaires ainsi que les jeunes de moins de 25 ans forment la majorité. Il existe un vide abyssal entre les deux. Les associations locales du parti ont peine à se renouveler.
Les militants du parti sont professionnalisés, c’est-à-dire qu’ils ont des intérêts professionnels à s’impliquer. De simples militants de conviction s’y font rare. Avec la réforme du financement politique en 2013, plusieurs de ces militants ont perdu leur intérêt à s’impliquer.
Les finances du parti sont fragiles. Il n’amasse plus autant de dons qu’auparavant. Il est en queue de peloton pour le financement des partis politiques provinciaux. À tel point qu’il a dû hypothéquer son local au centre-ville de Montréal.
Ces difficultés internes se répercutent auprès de l’électorat. Le parti a des élus dans la région de Montréal et un en Outaouais. Les électeurs francophones, soit la vaste majorité de la population, ont tourné le dos au parti. Le PLQ n’a pas de chef depuis l’automne 2022.
Une course à la chefferie moribonde
Les candidatures ne se bousculent pas à la porte pour diriger le PLQ. Plusieurs éminentes personnalités ont été mentionnées. Aucune d’entre elles n’a osé faire le saut. Elles ont pour l’ensemble démenti les rumeurs.
Certains élus d’envergure ont été courtisés, mais sans succès. André Fortin de Pontiac et Marwah Rizqy de Saint-Laurent ont décliné pour des raisons familiales. Mme Rizqy était fortement incitée à se lancer, considérant le manque de compétition dans la course à venir. M. Fortin a également beaucoup d’expérience et est un excellent orateur.
Dès lors, il ne restait plus que 3 députés. Monsef Derraji et le chef intérimaire Marc Tanguay ont laissé planer le suspense. Ils ont tous deux annoncés qu’il ne se présenteraient pas. Juste avant le déclenchement de l’élection partielle dans Jean-Talon.
Le nouvel élu de Marguerite-Bourgeoys, Frédéric Beauchemin, a confirmé son intention de briguer la chefferie. À l’interne, les militants du parti auraient souhaité qu’il « fasse ses classes », qu’il apprenne à connaître le parti avant de se lancer.
M. Beauchemin a embauché deux jeunes de l’aile jeunesse du parti. Ces derniers auraient harcelé la présidente de l’aile jeunesse, afin qu’elle appuie en groupe sa candidature à la chefferie. M. Beauchemin a donc fait l’objet d’une plainte pour harcèlement psychologique. Il est exclu du caucus le temps que le parti fasse enquête.
Pour le plus vieux parti politique de l’histoire du Québec, l’absence de candidatures est signe du désintérêt dont il fait l’objet. Il en reste néanmoins une de choix qui pourrait reprendre le flambeau.
Joël Lightbound n’a jamais renié les rumeurs voulant qu’il se lance dans la course. Le député du Parti Libéral du Canada dans Louis-Hébert, à Québec, place ses pions depuis quelques temps. Fort de presque 8 ans d’expérience en politique fédérale, il y est allé de plusieurs déclarations allant à l’encontre de sa ligne de parti.
Il a notamment critiqué la gestion de la pandémie par son gouvernement et la stigmatisation des manifestants du convoi des camionneurs en 2022. Cela lui a valu d’être rétrogradé dans ses fonctions parlementaires. Récemment, il a qualifié le débat sur le 3e lien autoroutier à Québec de dîner de cons.
Est-ce que M. Lightbound a l’étoffe de sauveur du PLQ? Le parti ne devrait pas commettre l’erreur, déjà commise, d’espérer une renaissance grâce à un nouveau chef. Ce sont les fondements du parti qui doivent être revus. C’est ce à quoi s’est attardé le comité sur la relance du PLQ.
Le comité sur la relance du PLQ
En rappel, le PLQ a eu le pire résultat de son histoire aux élections de 2022. Il a donc mis sur pied un comité de relance afin d’amorcer la reconstruction du parti, fondé en 1867. Après presque un an et des centaines de militants rencontrés, le rapport venait d’être rendu public au moment d’écrire ces lignes.
Les propositions s’articulent autour de trois axes : s’affirmer, rassembler et prospérer. Plusieurs pistes de solutions sont mises de l’avant par les 14 membres du comité.
Sur l’axe s’affirmer, ils souhaitent notamment que le Québec adopte sa propre constitution, instaure un mode de scrutin préférentiel et devienne un leader de la francophonie. Le parti renouvèlerait en quelque sorte avec son nationalisme libéral de jadis.
Sur l’axe rassembler, le comité souhaite reprendre la carte identitaire à sa sauce. Une Loi sur l’interculturalisme, des mesures incitatives sur le français comme langue au travail et la mise en place d’un comité pour dépolitiser l’enjeu de la capacité d’accueil et d’intégration du Québec sont au menu.
Sur l’axe prospérer, les membres proposent de consolider le droit à l’environnement dans la Charte Québécoise, de réduire la bureaucratie et d’investir davantage dans les régions. Le comité reprend des projets déjà proposés par d’autres partis et le gouvernement, mais à sa propre façon.
La publication du rapport du comité devrait au moins permettre au parti d’occuper l’espace médiatique durant quelques jours. Ses propositions identitaires ont le mérite de différencier le parti des années Charest/Couillard.
Conclusion
Est-ce que le parti reprendra le rapport à bon escient? Mais surtout, est-ce qu’il lui permettra de reconnecter avec les francophones d’ici les élections de 2026? Avec un nouveau chef, le PLQ ne peut guère faire pire qu’en 2018 et 2022.
L’exercice du comité a le mérite de vouloir changer les choses et de proposer des solutions. Le congrès général de cette fin de semaine permettra de voir si les militants sont en phase avec l’establishment du parti. De nouvelles candidatures pour la course à la chefferie pourraient être annoncées prochainement, suite au dévoilement de ses règles.

À propos de
Félix Lachance
Félix est un jeune professionnel bilingue (anglais/français) avec plus de deux ans d'expérience en relations gouvernementales, en politique et en droit. Il est actuellement étudiant au Barreau du Québec. Il a obtenu un baccalauréat en droit et un certificat en sciences politiques à l'Université Laval en 2022. Vous pouvez en apprendre davantage sur Félix en consultant son profil.