Élection du PQ dans Jean-Talon : une leçon pour la CAQ

L’élection partielle dans Jean-Talon a eu lieu lundi le 2 octobre. Au vote par anticipation, environ 22% de l’électorat s’est prévalu de son vote.

Selon les dernières projections, le Parti Québécois (PQ) et la Coalition Avenir Québec (CAQ) étaient à égalité statistique, à respectivement 31% et 29% des intentions de vote.

L’élection partielle s’est soldée en une défaite de la CAQ plutôt qu’une victoire du PQ. La population a sanctionné le gouvernement. Elle a massivement voté pour Pascal Paradis, le candidat du PQ. Il a récolté 44% des suffrages. La candidate de la CAQ, Marie-Anik Shoiry, a obtenu 21,5%. Qui plus est, 57,4% des électeurs ont voté, ce qui est exceptionnellement élevé pour une élection partielle.

Historiquement, les partielles sont difficiles pour le parti au pouvoir, comme l’a lui-même affirmé François Legault. Celle-ci n’a pas été différente. Elle symbolisait l’appui ou le rejet du gouvernement de la CAQ, tel qu’écrit dans un blogue précédent. La population a passé un message fort au gouvernement.

Résumé de la campagne

Les candidatures des principales formations politiques furent annoncées à la fin du mois d’août. Les électeurs pouvaient voter pour 10 candidats. Avant même le début de la campagne, les passes d’armes ont débuté entre les partis..

La CAQ et le PQ ont lancé le bal. Selon la CAQ, le candidat alors pressenti du PQ aurait discuté avec le parti afin de se présenter aux élections générales de 2022. Il a répliqué en affirmant que la CAQ lui avait mentionné avoir déjà l’intention d’abandonner le projet de 3e lien autoroutier. Cet épisode était prémonitoire d’une course à deux.

La CAQ a usé de sa redoutable machine électorale afin de pointer ses sympathisants, puis de faire sortir son vote. Le personnel des cabinets ministériels, de nombreux bureaux de circonscription et des élus ont tous a été mis en place. Le parti misait notamment sur un fort taux de participation et d’appui dans les résidences pour personnes âgées et au vote par anticipation. Selon les premiers résultats annoncés en direct, ce ne fût pas le cas.

Le PQ voulait s’établir comme le parti de l’opposition. Sa montée dans les sondages était concomitante avec la démission de la députée caquiste de Jean-Talon en juillet dernier. Ses appuis dans les sondages ce sont traduits en mobilisation militantesans pareil. 728 bénévoles auraient participé à la campagne, selon le nouveau député du PQ. Jean-Talon étant une circonscription libérale, les électeurs ont voté contre la CAQ plutôt que pour le PQ. Le PQ a su canaliser le vote contestataire, qui semble bouillir dans la région de Québec.

Québec Solidaire (QS) a fait une campagne sans vagues. Le parti a davantage capté l’attention pour ses diatribes internes relatives à la nomination de son candidat, Olivier Bolduc. Une meilleure campagne de QS aurait bénéficié à la CAQ, en divisant le vote en sa faveur. Le PQ s’est axé vers la droite afin de rallier de électeurs de la CAQ. QS aurait pu saisir cette opportunité afin de rallier les électeurs plus à gauche du PQ. Il ne l’a pas fait et il n’a pas mobilisé sa base électorale. L’absence de bureaux de vote sur les campus en élection partielle n’a pas aidé. Cela s’est soldé par un maigre 17,4% des intention de vote.

Le Parti libéral du Québec (PLQ) et le Parti conservateur du Québec (PCQ) ont pour leur part grugé du vote à la CAQ. Ils étaient pratiquement absents de la campagne. Ils n’ont pas récolté suffisamment de vote (15%) afin que la moitié de leurs dépenses électorales soient remboursées par le DGEQ. Un nouveau chef serait nécessaire au PLQ afin qu’il reprenne sa place dans le dialogue politique. Le PCQ doit développer son organisation afin de faire fructifier le mécontentement qui gronde dans la région de Québec aux prochaines élections générales.

Leçons à tirer de la victoire du PQ

Pour le PQ, cette élection partielle est symbolique pour plusieurs raisons. Elle met fin à la chute du parti en gagnant une circonscription qu’elle n’avait jamais remporté auparavant. Bien qu’il n’ait que 4 députés, le parti se distingue comme l’opposition officielle de facto à Québec. Sa montée dans les sondages s’est matérialisée avec l’élection de Pascal Paradis. Le chef du parti Paul Saint-Pierre Plamondon a été récompensé pour son travail.

Toutefois, l’éternel dilemme du parti a brièvement refait surface durant la campagne. Le nouveau chef du PQ avait promis de mettre la raison d’être du parti, l’indépendance du Québec, à l’avant plan. Or, à l’approche d’un gain électoral lors de la partielle, le sujet a été complétement absent de leur campagne. Le parti sait qu’il ne s’agit pas d’un enjeu mobilisateur. Comment conjuguer l’indépendance du Québec aux préoccupations immédiates de l’électorat afin de se rapprocher du pouvoir?

Le premier ministre a fait acte de contrition en prenant la responsabilité de la défaite. Le désaveu de la Capitale-Nationale , à laquelle la CAQ doit sa montée, a fait mal au parti. Dès le lendemain de l’élection, François Legault a soustrait la victoire du PQ de l’agenda médiatique en ramenant le projet d’un troisième lien autoroutier. L’idée du projet est réapparue aussi vite qu’elle était disparue. Cette défaite est un wake-up call pour la CAQ. Elle a suscité une certaine panique au sein des troupes.

Les électeurs de Québec ont peut-être contesté davantage que des projets d’envergure, soit l’attitude du gouvernement. Une députée qui démissionne 6 mois après les élections générales, une hausse de salaire des députés en pleine négociation avec les employés du secteur public, le refus d’imputabilité de ministres… La balle est dans le camp du gouvernement. Il lui reste trois ans avant les prochaines élections il jouit toujours d’un fort capital de sympathie.

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