Modernisation des systèmes de technologie de l'information

Le Bureau de l'auditeur général (OAG) a récemment publié un audit sur la modernisation des systèmes de technologie de l'information au sein du gouvernement fédéral.

Le bureau a effectué cet audit pour les raisons suivantes

  • Les ministères et les agences maintiennent des applications anciennes et obsolètes et s'appuient sur une infrastructure ancienne et obsolète ;
  • La défaillance des systèmes de technologie de l'information affecterait de manière significative la fourniture de services par le gouvernement aux Canadiens ;
  • Les systèmes de technologie de l'information sont essentiels à la fourniture de nombreux services critiques du gouvernement aux Canadiens ; et
  • La modernisation des technologies de l'information est une entreprise d'une ampleur, d'une portée et d'une complexité considérables. Elle nécessite également un financement important et des ressources associées dont les ministères et les agences peuvent ne pas disposer.

Faits marquants

  • Seules 38% des quelque 7 500 applications informatiques du gouvernement ont été considérées comme saines.
  • Environ un tiers des 1 480 applications désignées comme critiques - essentielles pour la santé, la sûreté, la sécurité ou le bien-être économique des Canadiens - étaient toujours considérées comme en mauvaise santé.
  • Le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada (TBSC) s'était fixé pour objectif de faire en sorte que 60% de toutes les applications soient saines d'ici 2030. Si le rythme actuel se poursuit, seules 45% d'applications seront considérées comme saines d'ici 2030.
  • De 2019 à 2023, les ministères et les organismes qui ont rendu compte de l'état de leurs systèmes de technologie de l'information n'ont pas évalué près de 12% de leurs applications. Cela signifie que les évaluations globales de l'état de santé de ces applications étaient basées sur des informations incomplètes ou inexactes.

Résultats

  • Dans l'ensemble, le TBSC et Services partagés Canada (SSC) n'ont pas fait assez pour diriger et soutenir les ministères et agences partenaires dans la modernisation des systèmes de technologie de l'information obsolètes.
  • Plus de 24 ans se sont écoulés depuis que le gouvernement a identifié le vieillissement des systèmes comme un problème important et le secrétariat ne dispose toujours pas d'une stratégie de modernisation. Ainsi, les progrès en matière de modernisation des applications et des centres de données ont été très lents.
  • Deux tiers des applications des ministères et des organismes ont été signalées comme étant en mauvais état et nécessitant impérativement une modernisation, mais ce chiffre pourrait être plus élevé parce que les ministères et les organismes ne fournissent pas au Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada des informations opportunes, exactes et complètes sur l'état de leurs systèmes.
  • De nombreux systèmes vieillissants sont actuellement maintenus sur des infrastructures anciennes et obsolètes.
  • Un meilleur leadership et une meilleure supervision, ainsi qu'un plan d'action concret et une approche de financement sont nécessaires pour donner la priorité aux systèmes critiques et relever les défis qui peuvent survenir lors de la modernisation des systèmes.

Constatations et recommandations

Les services concernés (TBSC et SSC) ont accepté les conclusions de l'OAG.

Constat 1 : La modernisation des applications n'a progressé que très lentement au cours des cinq dernières années

  • Les deux tiers des applications étaient en mauvaise santé et les progrès en matière de modernisation des infrastructures étaient lents.
  • En 2023, le secrétariat a fixé un objectif : 60% d'applications devant être saines d'ici 2030.
  • Le BVG a constaté qu'entre 2019 et 2023, le pourcentage de demandes saines a légèrement augmenté, passant de 33% à 38%. Si ce rythme se poursuit, 45% de demandes seront saines en 2030, ce qui est bien inférieur à l'objectif de 60% fixé par le secrétariat.
  • Pour atteindre l'objectif de 60% d'ici 2030, le pourcentage devrait augmenter de plus de 3 points de pourcentage chaque année. Et même si cet objectif était atteint en 2030, 40% d'applications seraient encore en mauvaise santé, 31 ans après que le gouvernement a identifié pour la première fois le vieillissement des technologies de l'information comme un problème important.
  • De 2019 à 2023, le pourcentage d'applications critiques en bonne santé est passé de 50% à 62%. Toutefois, cela signifie qu'au moment de notre audit, 38% d'applications critiques (c'est-à-dire 562 des 1 480 applications) étaient encore en mauvaise santé.


Recommandation 1 :
Le TBSC devrait consulter les ministères et les agences afin de déterminer et d'établir des objectifs et des échéances réalistes pour la modernisation des applications en mauvaise santé. Ces objectifs et ces échéances devraient être basés sur une méthodologie documentée qui tienne compte de facteurs tels que les priorités, l'importance critique des applications et la disponibilité de personnel qualifié et de fonds pour les départements et les agences - la réponse du secrétariat.

 

Constatation 2 : La lenteur des progrès dans la modernisation des applications affectant la fermeture des anciens centres de données.

  • Nous avons constaté que le SSC était conscient des risques liés au vieillissement de l'infrastructure des technologies de l'information et qu'il avait élaboré des plans d'action pour répondre aux besoins de modernisation de l'infrastructure des ministères et des organismes. Au cours de l'exercice 2018-19, par exemple, le ministère a établi un programme et a commencé à établir des priorités et à investir dans la réparation et le remplacement de l'infrastructure matérielle critique identifiée dans le cadre de son programme de risque opérationnel.
  • Le BVG a constaté qu'en mars 2023, les travaux n'avaient pas commencé pour 65% des quelque 4 500 applications que les ministères et agences avaient prévu de moderniser, y compris la migration vers une infrastructure nouvelle ou modernisée, comme les centres de données, et qu'aucun calendrier n'avait été établi pour l'exécution de ces travaux.
  • En raison des retards dans la modernisation des applications, en mars 2023, Services partagés Canada n'avait pas fermé 280 des 720 centres de données qu'il avait identifiés pour la fermeture. Dans notre rapport de 2015 sur les services partagés de technologie de l'information, nous avons noté que Services partagés Canada s'était fixé comme objectif de fermer la quasi-totalité de ses centres de données identifiés pour fermeture d'ici 2020. Le ministère nous a informés qu'il dépendait des ministères et des organismes pour moderniser leurs applications avant de pouvoir progresser dans la fermeture des centres de données patrimoniaux restants.


Recommandation 2 :
Le CSD devrait analyser les effets financiers et non financiers de la poursuite de l'exploitation des applications et infrastructures existantes au lieu de la migration des applications modernisées vers une infrastructure nouvelle ou modernisée, en coordination avec le TBSC et les départements et agences, entreprendre un exercice d'examen et de priorisation (y compris les calendriers et budgets estimés) pour moderniser et migrer les applications existantes vers une nouvelle infrastructure de soutien et fermer les centres de données existants restants.

 

Constatation 3 : Le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada n'a pas assuré un leadership suffisant pour la modernisation des systèmes.

  • Le BVG a constaté que 24 ans après que le gouvernement a identifié pour la première fois le vieillissement des technologies de l'information comme un problème important, le TBSC ne disposait pas d'une stratégie ou d'un plan détaillé pour aller de l'avant avec une approche cohérente et commune de la modernisation des anciens systèmes de technologie de l'information.
  • - Le secrétariat n'a pas achevé et présenté la stratégie de modernisation à l'échelle du gouvernement avant mars 2012, bien qu'il ait promis de le faire dans sa réponse à notre rapport de 2010.
  • Le secrétariat et le CSD ont tous deux reconnu que la modernisation des technologies de l'information se heurte à des difficultés importantes, notamment le sous-investissement et le manque de personnel possédant des compétences spécialisées.
  • En avril 2023, le Conseil du Trésor a publié une directive sur les talents numériques. Cette directive vise à promouvoir la coopération entre les départements et agences fédéraux et le secrétariat pour faire progresser le recrutement et la formation à l'échelle du gouvernement afin de s'assurer que les employés acquièrent les compétences en matière de technologies de l'information nécessaires pour effectuer leur travail. Toutefois, la mise en œuvre de la directive prendra du temps et nécessitera le soutien du secrétariat, en particulier pour les efforts de modernisation des technologies de l'information.

Recommandation 3 : En coordination avec le SSC et en consultation avec les départements et les agences, le TBSC devrait finaliser et mettre en œuvre une stratégie globale pour répondre aux besoins de modernisation des technologies de l'information des départements et des agences.

  • Identifier et contrôler les coûts de maintenance des systèmes informatiques existants ;
  • Estimer les coûts et le calendrier de la modernisation ou du déclassement des systèmes de technologie de l'information ;
  • réévaluer les mécanismes de gouvernance en place pour définir les priorités des systèmes de technologie de l'information à moderniser
  • remédier à la pénurie de personnel possédant les compétences nécessaires pour soutenir la modernisation des technologies de l'information
  • améliorer la connaissance et la compréhension des projets de technologie de l'information par les hauts fonctionnaires des ministères et des agences

Constatation 4 : Des approches de financement limitées et rigides pour la modernisation

  • La TBSC n'avait pas d'approche de financement pour répondre aux besoins de modernisation immédiats et à plus long terme des ministères et des agences. Ceci est important car les organisations du gouvernement fédéral peuvent manquer de fonds adéquats pour moderniser leurs systèmes et répondre à leurs besoins futurs.
  • 77% des DSI ont déclaré que leurs ministères ou agences ne disposaient pas de fonds suffisants pour répondre à leurs besoins de modernisation.
  • Les ministères et les agences ne sont guère incités à financer leurs initiatives de modernisation au moyen de leurs dotations financières existantes.
  • Les ministères et les agences pourraient également demander un financement supplémentaire ou nouveau au Conseil du Trésor pour répondre à leurs besoins de modernisation. Cependant, cela prend du temps et, dans l'attente, le ministère ou l'agence continue de supporter les coûts liés à la maintenance de systèmes anciens et obsolètes, ce qui accroît les risques de défaillance des systèmes.
  • Selon 86% des DSI, les mécanismes disponibles pour le financement des projets de modernisation n'étaient pas opportuns.
  • Près de 83% ont déclaré qu'ils n'étaient pas satisfaits des mécanismes disponibles pour le financement des projets de modernisation. Certains agents ont déclaré que les mécanismes de financement à leur disposition ne fournissaient qu'une partie du financement nécessaire à la modernisation de leurs applications.

Recommandation 4 :

  • Le TBCS, en consultation avec les parties prenantes concernées, devrait réviser les mécanismes de financement actuels ou en développer de nouveaux pour aider les ministères et les agences à moderniser leurs systèmes d'information. Les mécanismes de financement révisés ou nouveaux devraient être
    • Ils tiennent compte des besoins immédiats et futurs des ministères et des agences en matière de modernisation, y compris des projets de modernisation des technologies de l'information qui s'étendent sur plusieurs années ;
    • centraliser le contrôle et la gestion des fonds alloués pour aider à prioriser et à coordonner les dépenses de modernisation des technologies de l'information ; et exiger des ministères et des agences qui reçoivent des fonds qu'ils fassent régulièrement rapport sur leurs efforts de modernisation des technologies de l'information et sur les résultats obtenus.

Conclusion

  • Le BVG a conclu que le TBSC et leSSC n'ont pas suffisamment dirigé ou soutenu la modernisation efficiente et efficace des systèmes de technologie de l'information pour les ministères et les agences.
  • Le secrétariat et le CSD doivent agir rapidement pour aider les départements et les agences à répondre à leurs besoins en matière de modernisation des technologies de l'information et les aider à faire face aux coûts liés à l'utilisation de systèmes obsolètes et à réduire le risque de défaillance des systèmes.
  • Enfin, les ministères et les agences doivent fournir régulièrement et rapidement des informations précises et complètes sur leurs applications. Cela aidera le TBCS et le SSC à prendre de meilleures décisions quant aux systèmes qui ont le plus besoin d'être modernisés.

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